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« Filipe Faria
» José Luís Peixoto
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Jacinto Lucas Pires
"La maison"

Prendre le temps pour que tu puisses penser à tout cal-
mement, tu me disais, « tu vas voir que ce sera mieux
comme ça » et « dans une semaine je t'appelle » et « je ne
vais pas disparaître complètement » et «au bout du compte
tu verras que j'ai raison », tes yeux cubistes énormes, me re-
gardaient avec une acuité décidée, et moi silencieux, je savais
alors qu'il ne serait plus possible que tu fasses marche ar-
rière, depuis cet après-midi-là, c'était dimanche et tout le
monde s'amusait à promener sa joie dans l'ennui d'une jour-
née ni trop chaude ni trop froide, depuis cet après-midi-là
le silence a pris la taille d'une montagne, trois-cent-treize
fois vingt-quatre, c'est le nombre d'heures pendant lesquelles
jusqu'à aujourd'hui j'ai attendu un mot de toi. En vain. Dans
la maison construite, un peu comme une île, au milieu du
rien du papier j'écris, fermant le dessin, que sa fin est à nou-
veau la mer.

in Para averiguar do seu grau de pureza [Pour vérifier son degré de pureté]

b. 1974 Portugal
© Instituto Camões, 2007