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José Luís Peixoto
"Capricorne à ses pieds"

Du temps est passé et je ne pensais pas qu'un jour tu arriverais. Mais du temps est passé. Un jour, tu es arrivée.
Nous marchions dans la rue. Je pensais à quelque chose
d'autre qui n'était pas l'idée de ton arrivée, comme une
avalanche qui emporte tout sur son passage, comme
une foule qui piétine chaque bout de terre. Et la
rue était déserte quand nous nous sommes rapprochés. Nous étions des inconnus à l'instant
même où nous nous sommes regardés. Cet
instant est passé et, au dedans de nous,
nous nous sommes connus. Tu es arrivée.
Je ne t'attendais pas. Tu as apporté
avec toi la tendresse, le désir et,
plus tard, la peur. Tu es arrivée
et je ne connaissais pas cette
tendresse, ce désir. Chez moi,
dans ma chambre, dans cette
chambre, j'ai revu tes yeux dans
ma mémoire, la tendresse, le désir. Et, ensuite, ce que je savais,
la peur. Et le temps est passé.
Toi et moi, nous avons senti pas-
ser ce temps mais, quand nous
nous sommes à nouveau ren-contrés, nous avons su que
nous
ne nous étions pas quittés.

in Antidote [Antidote]

b. 1974 Portugal
© Instituto Camões, 2007